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la cour qui, le 10 août, s’étaient rendus aux Feuillants, auprès de Leurs Majestés. Le Roi, en apprenant cette nouvelle, dit avec douleur : « Charles Ier ne fut pas aussi malheureux que nous ! »

Prenant ensuite à l’écart un de ses gentilshommes, M. d’Aubier :

— Faites en sorte, lui dit-il, d’informer vous-même le roi de Prusse et mes frères de ce qui s’est passé. Si vous allez les trouver, donnez-vous pour émigré volontaire, le moindre soupçon que vous y seriez venu de ma part hâterait notre perte.

Avant de prendre le dernier congé du Roi, le duc de Choiseul et d’autres gentilshommes offrirent au Roi et à la famille royale, sans argent, l’or et les assignats qu’ils avaient sur eux. La Reine, forcée la veille d’emprunter quelque argent pour faire une aumône, voulut bien accepter alors une légère somme.

Le prince de Poix avait proposé au Roi d’établir sa résidence à l’hôtel de Noailles ; mais Sa Majesté n’était plus libre de déterminer à son gré. Une commission avait été nommée pour préparer à cet égard la décision du Corps législatif.

Elle balançait entre le palais du Luxembourg et l’hôtel de la chancellerie, lorsque la nouvelle