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Maintenant, si l’on nous demande pourquoi dans toute la France ce lieu de détention s’appelle un violon, nous répondrons que l’on discute sur la question depuis plus de cent ans et que l’Académie elle-même y perd son meilleur latin.

Ce qu’il y a de certain, c’est que les deux violons peuvent servir également à adoucir les mœurs.

Pour bien comprendre cette population il faut connaitre son langage. Car, le « soleil » a son argot particulier, imagé, original au possible ; on y trouve des expressions étranges dont, chose curieuse, quelques-unes dérivent du latin ; il semble que chacun des representans des différentes classes de la société, réunis dans la déchéance finale, ait mis, pour ainsi dire, le signe de ce qu’il fut autrefois dans le mot qu’il a créé. On découvre des expressions d’une crudité ignoble venues du bagne, des périphrases pleines d’images qui font rêver ; des définitions qu’un poëte envierait ; des mots qu’on ne serait pas étonné de trouver dans la bouche d’un philosophe ; l’ironie elle-même apparait quelquefois terrible dans des locutions courantes.

Mourir, cela s’appelle rire, parce que les défunts ont généralement la bouche ouverte.

L’image est partout, dans la conversation ;