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Presque de nos jours on n’a point oublié le vieux marchand de coco que tout le monde a pu voir sur le quai, trimballant sur son dos sa boîte à jus ornée de petits drapeaux tricolores. C’était bien là le type légendaire du marchand de coco, rendu célébre par le drame de Dennery et Cormon, le vieux grognard à la moustache grise, au képi planté sur l’oreille, agitant sans cesse sa sonnette et versant aux soleils du quai, dans le gobelet d’étain, une verrée de sirop de calabre ou de limonade « fraîche et bonne. » Qui ne se souvient aussi parmi les flâneurs de la rue, du rnarchand de chante-pleure, portant attachée sur une longue perche toute une collection de robinets, de cannelles, de tire-bouchons et lançant son appel « chante-pleure de buis, de bois, de buis, de bois, de buis, de bois ! » tout en clopinant et en tirant la jambe, d’une voix nasillarde et sonore ? Qui ne se rappelle de cet ancien soldat à la moustache grise, toujours coiffé d’un fez turc, frappant à coups redoublés avec un petit maillet sur des fragments de porcelaine, ou des