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danser en société, qu’on le trouvera tous les jours chez lui, rue de la Chèvre, 69. »

Quelques années après Lajoie, on entendit avec plaisir Bignon, dit Le Borgne, qui chanta longtemps la romance, avec une fort jolie voix de ténor léger.

Le Borgne avait obtenu jadis le prix Monthyon : c’était un chanteur populaire de beaucoup de talents, très-supérieur comme éducation à la moyenne de ses confrères. À côté de ces célèbres chansonniers de la rue, il faut encore citer plus tard, de 1845 à 1868, le père Boulard. Boulard, coiffé d’une large casquette, le nez chaussé de grosses lunettes bleues cachant ses yeux rouges, portant devant lui un grand panier carré rempli de chansons et de cahiers pendus tout autour, et où il remisait son mouchoir et sa tabatière, chanta un peu dans toutes les rues de Rouen, qu’il traversait d’un pas lent, cadencé, avec la démarche digne et hésitante des perroquets sur leur perchoir. Ainsi nous le montre un dessin d’Hadol (collection Pelay). Tour à tour, il interpré-