Puis, quand la « sorcière » a refermé sa porte, le ton des conversations s’élève. — « La vieille ! c’est elle qui a donné le coup de la mort a not’ vaque ! — C’est elle, pour seu, qu’avait jeté un sort sur nos poules que n’pondent pas ! — N’est-ce pas, Guillaume, qu’cé-t-elle qu’a fait péri ta mé, avec ses herbes du diable ? » Et c’est ainsi pendant longtemps, sur les places et devant les portes, jusqu’au moment où un de ces braves gars normands, plein de ce bon esprit du pays de sapience, un peu sceptique sur tout ce qu’on raconte de surnaturel, et n’ayant jamais craint de rencontrer le diable, le soir, sur la grand’route, hasarde que si la vache est crevée, c’est parce qu’elle a eu la cocote ; que si l’on ne voit plus les œufs des poules, c’est parce que tel gamin du village aime trop les omelettes ; que si la mère de Guillaume est morte, c’est parce qu’elle avait quatre-vingt-douze ans, et qu’à cet age-là on ne peut prendre des assurances sur la vie.
Ces excellentes raisons mettent généralement fin à l’incident, pour quelque temps du moins, car aussitôt qu’un malheur se représente, la jeteuse de sorts est maudite de nou-