faire leur cuisine. On a été jusqu’à prétendre que c’étaient les graisseux qui alimentaient les marchands de pommes de terre frites de certaines petites foires suburbaines. Nous sommes loin de le croire, et nous pensons qu’il y a là une exagération capable de porter préjudice à d’honorables commerçans faisant, eux aussi, il faut l’avouer, un métier bien bizarre.
On comprend que le graisseux n’amasse pas des sommes folles avec le fond de son bissac. Une journée de 50 centimes, y compris les morceaux de chair cuite revendus pour des chiens ou des chats, est une bonne journée.
Mais la vie ne lui coûte pas cher, grâce aux bons de pain du bureau de bienfaisance, grâce aux chauffoirs et à la Bouchée de pain, en hiver ; grâce à la soupe distribuée le matin à la porte des casernes, grâce aux portières qu’il ouvre ou qu’il referme.
Il vit heureux, sans souci du lendemain, sans avoir les préoccupations d’un testament à faire et avec la considération que donne un métier libre, quelque infime qu’il soit.