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feu bourgeois. — La charge est lourde et les montées pénibles ; on a besoin de renfort ; on donnerait bien trois ou quatre sous pour trouver de l'aide. Ce renfort souhaité, c'est le cheval de côte. Il s'avance vers le maraîcher, exhibant des bras nerveux, des biceps superbes.

— Allons ! les enfans, faut-il un coup de main ?

Et il s’attèle à la carriole. En quelques minutes les obstacles sont franchis ; les légumes gravissent la côte sans encombre ; tout le monde est satisfait : le marchand, de la difficulté vaincue ; le cheval de côte, des quelques pièces de billon qu'il a reçues pour sa peine.

À certains endroits, comme aux abords du pont de pierre, la clientèle est généralement assez nombreuse, aussi est-ce là le rendez-vous des petits industriels connaissant bien leur « partie. » Rien n'est plus curieux que d’assister parfois à cette montée des légumes. Il y a des files de carrioles qui stationnent en attendant le renfort promis, et alors, pour ne pas perdre une minute, pour défier la concurrence toujours redoutable, le cheval de côte se multiplie, il prend le galop ; c’est à croire qu’il s’emballe comme un véritable cheval — nous ne parlons pas, bien en-