Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE CHEVAL DE CÔTE

À côté de la « plus noble conquête de l’homme, » il y a le cheval de côte, avec cette différence que ce dernier est un malheureux bipède qu’on n’a jamais eu l’idée de classer hors de la race humaine et que M. de Buffon ignorait probablement, dans son siècle a manchettes de dentelles.

Le cheval de côte travaille, dans une certaine mesure, à l’alimentation de Rouen, mais afin de pourvoir à sa propre alimentation. Il est béni des maraîchers et des fraîches et opulentes maraîchères venant chaque matin de la campagne pour se rendre aux halles. Sa petite industrie est bien simple et fort honnête. On peut affirmer qu’il gagne son pain à la sueur de son front, et que, ainsi qu’on le disait dans les vieilles romances de 1830, « il arrose son gain du fruit de son labeur. » Système d’arrosage que, par les temps de sécheresse, nous sommes loin de recommander aux jardiniers les plus laborieux.

Le matin, vers cinq ou six heures certaines rues sont encombrées du va-et-vient des petites charrettes à bras dans lesquelles se dressent des pyramides de choux, de carottes, de navets et autres légumes indispensables au pot-au--