L’ÉLEVEUR DE VERS DE TERRE
Ce n’est pas un monopole délivré par l’État que l’élevage des vers de terre, et cependant nous ne connaissons à Rouen qu’un industriel qui se livre à cette besogne. Et encore, nous ferions mieux de dire « nous connaissions, » car le bonhomme est mort quinze jours avant l’apparition de ce volume. D’ailleurs, malgré l’absence de concurrens sérieux, et quoique la main-d’œuvre ne lui coûte pas cher, notre « négociant » ne gagnait guère plus de douze sous par jour, avec son petit commerce, et souvent il chômait, lorsque la pêche était fermée ou qu’il y avait une épidémie sur ses « élèves. »
Mais, en revanche, quelle existence tranquille, dénuée de toutes ces émotions qui usent l’homme avant l’âge !
Comme on devient rapidement philosophe en élevant des vers de terre !
Quels sont les pécheurs qui ont connu le bonhomme Pervers, comme l’appellent ses cliens, par un horrible calembour ! Il n’habitait pas près de la Seine, mais au contraire loin, dans les terres, au fond du quartier du jardin des Plantes. Il possédait un masure avec une cour d’une centaine de mètres.