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est tordu par des crispations nerveuses ; la tête semble posée de travers sur le cou long, rigide. La jeune fille marche comme un oiseau blessé et répète à ceux qu’elle trouve sur son passage : « N’est-ce-pas que je suis belle ? n’est-ce pas que je suis belle ? » Quand la glace se brise, c’est une prostration qui ne cesse qu’à l’apparition d’un objet semblable à celui disparu.

Là, du moins, les malades sont réunies ; elles voient, elles entendent, elles ont du jour, de la lumière, du soleil. Il est des « sujets » qui n’ont rien de tout cela, qui passent quinze jours ou trois semaines seules, dans un cabanon obscur, attachées sur un fauteuil, doublement emprisonnées par la cellule et par la camisole de force. Et cependant, ces mesures rigoureuses sont nécessaires ; sur cette population où l’action du système nerveux domine toutes les autres, le délire attire le délire, l’exemple est funeste, il se propage machinalement. Il suffirait de la vue d’une de ces folles furieuses pour mettre l’asile en révolution.

Les cas de frénésie semblables sont rares ; il y a cependant à Saint-Yon deux malades qui, chose curieuse, occupent alternativement un de ces obscurs cabanons.

Malgré toutes les précautions pour empê-