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dans une enveloppe aussi tourmentée par les accidens de la nature.

À part cette salle de jeunes idiotes, on voit peu d’enfans atteints d’un genre spécial de folie.

L’excursion devient plus intéressante dans les autres quartiers. Nous pénétrons dans un grand local ; des rangées de bancs et de tables à droite et à gauche ; au milieu un poêle. Pas de bruit, ou beaucoup moins que dans un salon ordinaire où se trouvent réunies une dizaine de dames. Les malades travaillent à la couture. On se croirait dans un atelier, et on se demande si réellement les malheureuses créatures qu’on voit là sont atteintes d’une maladie. Hélas ! elles sont calmes en ce moment, elles tirent rapidement l’aiguille ou font aller les ciseaux ronds qu’on leur confie ; qu’on les mette un moment dans la rue et leur première idée sera d’aller se jeter à la Seine, de se pendre à un arbre, de se précipiter sous les roues d’une voiture. Elles ont la monomanie du suicide.

Quelques-unes présentent à l’observateur un intérêt tout particulier. Il y a une vieille femme connue sous le surnom de « femme de bois. » Elle déclare qu’elle est faite de bois et qu’elle ne peut mourir. Or, c’est là son désespoir. Elle se dit qu’elle est immor-