Voici d’abord le quartier des vieilles gâteuses et des petites filles idiotes. Triste lieu où sont assis sur des bancs de bois, des êtres misérables d’une laideur repoussante. Espèce de musée de momies où les vieux visages sont terreux, les yeux morts et chassieux, le corps amaigri par les privations antérieures, par le rude travail de jadis, alors qu’on était jeune et qu’on avait une famille à nourrir. Il y a des creux dans les joues, grâce aux mâchoires édentées ; des mentons qui rejoignent presque le nez, des vieux chefs branlant sous le poids de l’âge et que les cheveux blancs qui s’échappent du bonnet de laine rendent vénérables comme des antiquités.
À côté de ces pauvres vieilles, sur leurs genoux, assis devant elles, des groupes d’enfans monstrueux. De véritables têtes d’oiseaux, des nez qu’on prendrait pour des becs, des bouches qui ressemblent à des gueules, des oreilles informes, des cous élargis démesurément par les goîtres épais. Toutes les fantaisies horribles que la nature se plaît quelquefois à ébaucher sur le corps humain. Matière vivante, manquant à la fois de l’intelligence de l’homme et de l’instinct de l’animal. On se demande comment quelques-uns de ces sujets dégénérés au dernier degré peuvent vivre, comment leur organisation interne peut tenir