tion détaillée de ces deux établissemens, de ces immenses salles, de ces préaux pleins de fleurs en été, de plantes vivaces en hiver ; de ces coquettes chapelles dont plus d’une petite ville de province serait fière, de ces salles de bains ou toutes les ressources de l’hydrothérapie sont mises en pratique, de ces cuisines, de ces boulangeries qui nourrissent 2,000 bouches, deux fois par jour, et semblent de véritables usines ; de ces grands terrains de culture dont la terre est remuée par des équipes de fous et qu’un homme se fatigue à traverser à pied.
Au milieu de ces arbres, de ces véritables parcs, apparaissent de grands bâtimens en briques, hauts de trois étages ; aux fenêtres on aperçoit d’étroites barres de fer ; c’est là qu’habitent les fous.
Au premier abord, on se croit dans la propriété de quelque riche campagnard, de quelque grand industriel. Soudain, une porte s’ouvre ; on en franchit le seuil ; on a une vision de têtes hideuses ; on se sent regardé par mille yeux ternes ou étincelans, vifs ou hébétés ; on pense involontairement à l’inscription que le Dante plaçait aux portes de l’enfer : « Lasciate ogni speranza, » on a un frisson d’épouvante : on est dans le royaume de la démence.