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ſe noyoit dans les larmes : d’un autre côté, on voyoit un père infortuné ſe déſeſpérer, en penſant qu’il alloit perdre une fille ſi digne d’être aimée, & qui lui étoit ſi chère ! L’air de cet homme vénérable inſpiroit la douleur & le reſpect. On voyoit enſuite une tendre amie s’affliger bien ſincèrement ; & l’on peut dire enfin qu’on voyoit la beauté expirante & les graces en pleurs. Ils furent près d’un quart-d’heure dans cet état douloureux. Célide ne ſortoit point de ſon anéantiſſement ; cependant à la fin, les ſoupirs, les ſanglots de ſon amant, les larmes dont il inondoit la main, les baiſers ardens qu’il y imprimoit, l’émurent : elle ouvrit ſes yeux qui s’étoient refermés ; elle retira ſa main, elle regarda le Marquis. — Eſt-ce vous, lui dit-elle ? mes yeux ne me trompent-ils point ? avez-vous abandonné la région des morts, ou exiſtez-vous en effet ? — Oui, aimable Célide, j’exiſte, je vis pour vous adorer, lui répondit-