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cathédrale. Il mourut chez son frère, à Saint-Boniface. Les Molurier venaient d’Angoulême.

Un jeune commis libraire de Montréal, Henri Bernard, né à Chorges (Hautes-Alpes), attira l’attention sur lui, en 1903, par une brochure dénonçant la Ligue de l’Enseignement, de fondation récente, comme affiliée aux loges maçonniques de France. Pour raison de santé, il avait dû interrompre son noviciat chez les Jésuites. Mgr Langevin l’accueillit dans son diocèse, l’ordonna et lui confia la rédaction des Cloches. Cependant, toujours maladif, il séjourna le plus longtemps à Montréal. Devenu prélat domestique, Mgr Bernard revint définitivement à Saint-Boniface et y vécut ses dernières années. Héritier d’une certaine fortune, il se montra libéral pour les œuvres, aidant surtout séminaristes et collégiens dans leurs études. Décédé le 27 juin 1951, il fut inhumé à Powerview, sur la rivière Winnipeg, dans la chapelle de Notre-Dame-du-Laus, à l’érection de laquelle il avait contribué généreusement.

L’École Provencher — plus exactement l’Institut Collégial Provencher — jouit d’un haut renom au Manitoba. Depuis soixante ans elle est sous la direction des Frères Marianistes, qui commencèrent par enseigner à l’École Sainte-Marie de Winnipeg, de 1880 à 1917. Bien que l’établissement de Saint-Boniface relève d’une province américaine de la célèbre Société de Marie, fondée à Bordeaux en 1817, plusieurs religieux et laïcs de France ont fait partie de son personnel. On n’a pas perdu le souvenir du R. P. Jacq, qui y séjourna avant la deuxième Grande Guerre et pendant la première période des hostilités.

Pierre Chabalier, de la Lozère, a été pendant de nombreuses années instituteur à l’École Provencher. Il a fait la guerre de 1914-1918 et s’est marié en France. Homme au grand cœur et d’un dévouement à toute épreuve, Pierre Chabalier est estimé et aimé de tous. Longtemps président de l’Union Nationale Française et secrétaire de l’Association des Réservistes français, il s’intéresse également à toutes les œuvres charitables et patriotiques. Excellent organiste, depuis qu’il est à sa retraite, il remplace fréquemment le titulaire des orgues à la cathédrale.

Le professeur Albert Doyen, un méridional, Mlle Ballu, de Blain (Loire-Atlantique), et plus tard Clément Bazin, de Notre-Dame-de-Lourdes, ont fait partie du personnel de l’Université du Manitoba. Mmes Longville et Minvielle ont enseigné le français dans des high schools de Winnipeg. Cette dernière habite maintenant avec son fils, l’abbé Alphonse Minvielle, curé de Portage-la-Prairie, ancien aumônier militaire. L’aîné, Guy, est dans le commerce des ornements d’église à Saskatoon.

Mme Berthe Rolland de Denus, venue de la Gironde avec ses enfants vers 1904, et décédée pendant la dernière guerre à un âge très avancé, fut aussi, par ses leçons particulières et ses causeries, un apôtre de la culture française. L’une de ses filles, Yvette, épousa Marcel Boquin, Savoyard des environs de Chambéry, maître d’hôtel, ancien prisonnier de guerre. Elle tint longtemps à Winnipeg un magasin de lingerie fine et d’articles français. Une autre fille de Mme de Denus, Paule, mariée au financier Paul Madon, a suivi son mari en France. Le fils ainé Jacques, décédé, avait épousé Geneviève de la Barrière. Le cadet, Guy, est très connu comme maître d’hôtel au « Saint-Charles ».


L’aristocratie de l’immeuble et de la finance

Au sommet de l’échelle sociale, on distingue l’aristocratie de l’immeuble et de la finance, qui compte ses gros et ses moindres personnages. Honneur à ceux qui ont tenu le coup à travers toutes les crises ! Mais ils sont extrêmement clairsemés. L’infatigable M. de la Giclais est toujours sur la brèche ; M. Claude Buffet aussi. Prosper Gevaert, d’origine belge et né à Liévin (Pas-de-Calais), qui avait signé un jour un chèque de $360,000, vient de mourir à 80 ans. M. François Deniset, de Besançon, a bifurqué vers la représentation des vignobles français. Son fils ainé, François, a disparu dans la dernière guerre, au cours d’une mission en territoire ennemi. Louis, revenu sain et sauf, aujourd’hui avocat, a été quelque temps député fédéral de Saint-Boniface. Un autre fils, l’abbé Robert Deniset-Bernier, s’occupe d’œuvres diocésaines. Thérèse a épousé, à Lyon, le professeur Louis Souchon et tous deux ont résidé quelque temps à Saint-Boniface. Renée, ancienne institutrice de l’École Provencher, mariée aussi, habite l’Ontario.

Parmi les grands brasseurs d’affaires, au plus fort de la période de prospérité, quelques-uns n’étaient là qu’entre deux voyages au long cours, comme le baron Louis de Galembert, président de la Compagnie Foncière du Manitoba ; Joseph Madon, docteur en droit de la faculté d’Aix-Marseille, délégué officiel de la Franco-Canadian Investments Limited ; le comte de Saint-Phalle, associé à de gros banquiers américains. Un jour arriva du Mexique André Honnorat, futur sénateur des Basses-Pyrénées et futur ministre, qui devait occuper une belle place dans le monde financier et philanthropique. Il réunit des capitaux et fit construire le Paris Building, le premier du genre dans la capitale du Manitoba. Les actions restèrent entre les mains de la famille, qui garda la propriété du vaste immeuble jusqu’en 1954. Un autre financier en vue, Alcide Sébileau, de Saint-Jean-d’Angély (Charente — Maritime), venu au pays en 1907, prit l’habitude de passer six mois par année à Winnipeg pour y surveiller ses intérêts, jusqu’à sa mort en 1955.

Jules Grymonpré, qui fut le premier président de l’Union Nationale Française, était notaire et agent d’immeubles. À ces fonctions il joignit quelque temps celle de rédacteur adjoint au Manitoba. La famille venait du nord de la France. Deux des fils, Robert, dessinateur au Grand Tronc Pacifique, et Marcel, électri-