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Charles Poncet, de Saint-Nazaire, traducteur officiel à Ottawa, se remémore toujours avec plaisir ses années d’agriculteur dans le voisinage de Weyburn. Arrivé là célibataire, il résolut à sa manière le problème du chômage saisonnier dans cette zone de culture exclusive du blé. Les battages terminés, il confiait ses chevaux à un voisin et partait tout simplement pour… Paris. Il y reprenait son ancien métier de comptable, à l’abri du rude hiver de l’Ouest. Aux premiers jours du printemps, il était de retour sur sa terre, prêt pour les labours et les semailles.

Une fois marié, cette migration temporaire n’avait plus sa raison d’être et il ne perdit rien — au contraire — au nouveau régime. L’alerte midinette parisienne qu’il avait choisie pour compagne se révéla une experte de grande classe à la chasse, la pêche, le jardinage et autres sports aussi utiles qu’agréables. La vie sur la ferme lui apparut toujours comme une continuelle partie de plaisir au grand air. En dépit de la terrible sécheresse qui ravagea les prairies dans les tristes années 30, on fit toujours bonne chère chez les Poncet, grâce à l’adresse et à l’ingéniosité de la midinette devenue « farmerette ».