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ÉPILOGUE.

Levéel, ces vers chantés d’une chétive haleine,
Ces soupirs d’un roseau sur les lacs de la plaine
Pour ton nom, pour ta gloire, hélas ! ne peuvent rien :
Qu’importe ! Reçois-les comme un bon entretien.

Ils viennent du pays où, bien souvent, nos pères
Ont ensemble échangé leur joie et leurs misères.
Dans nos rêves d’enfants l’ombre des mêmes tours
Nous a vus écouter la voix des anciens jours ;
Ces bois, dont, au printemps, les têtes verdoyantes
Couvraient avec amour la vallée et les pentes
Ont souvent entendu nos pas, loin des sentiers,
Chercher leurs froids ruisseaux et braver leurs halliers.
Pense au donjon couvert de son manteau de lierre,
Comme un soldat drapé pour sa veille guerrière,
Aux champs où Dieu t’offrit les premières leçons,
Aux rochers dans les bois, aux eaux, aux horizons,
Aux cent choses sans nom qui font une patrie ;
Et ma voix te plaira comme une voix amie,
Comme un refrain d’enfance, un cantique d’autel,
Ou le chant d’un grillon du foyer paternel !

Tandis que dans Paris, au bruit sourd de la foule,
Tu vas pour le fondeur achever quelque moule,
Rêver d’autres sujets pour le marbre et l’airain,
Créer, grandir encor sous le souffle divin ;
Loin, bien loin de la ville à l’aspect monotone.
Moi je vais profiter des derniers jours d’automne,
Voir les dernières fleurs dessécher et mourir,
Apprendre qu’ici-bas tout être doit finir.
Je vais reprendre aux champs mes courses vagabondes
Par les sentiers déserts semés de feuilles blondes,
Errer sous les rayons d’un soleil tiède encor,