Rachine courut jeter un coup d’œil sur la mer.
— Pas de vent ! dit-il en rentrant. Impossible de gagner Jersey ; c’est à peine si nous pourrons être à Carteret ce soir.
Pour sortir de la passe, il nous fallut, en effet, jouer de l’aviron. Nous restâmes neuf heures en mer. Comme incidents de voyage : pris, à la ligne, un superbe colin et rencontré un bataillon de méduses, gouvernant contre le courant : à étudier au point de vue de la navigation aérienne.
Comme nous approchions des côtes, un goéland vint se poser à une centaine de mètres en avant du yacht. Il nous accompagna, gardant sa distance, pendant près d’une heure, jouant, plongeant, faisant rouler l’eau sur ses plumes, puis, à un mouvement de manœuvre, s’envola à tire d’ailes vers les Écrehou : il allait retrouver maître Philippe.