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Rachine courut jeter un coup d’œil sur la mer.

— Pas de vent ! dit-il en rentrant. Impossible de gagner Jersey ; c’est à peine si nous pourrons être à Carteret ce soir.

Pour sortir de la passe, il nous fallut, en effet, jouer de l’aviron. Nous restâmes neuf heures en mer. Comme incidents de voyage : pris, à la ligne, un superbe colin et rencontré un bataillon de méduses, gouvernant contre le courant : à étudier au point de vue de la navigation aérienne.

Comme nous approchions des côtes, un goéland vint se poser à une centaine de mètres en avant du yacht. Il nous accompagna, gardant sa distance, pendant près d’une heure, jouant, plongeant, faisant rouler l’eau sur ses plumes, puis, à un mouvement de manœuvre, s’envola à tire d’ailes vers les Écrehou : il allait retrouver maître Philippe.


Carteret, Août 1884