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d’âmes pour s’épanouir dans des moissons définitives. » Mais ils ont eu les mérites nécessaires à leurs ambitions et à leurs sujets : une pensée précise et une bonne langue. Nos jeunes écrivains, tout en donnant de la sûreté à leurs tentatives personnelles, tout en n’ayant pas trop de démangeaisons de style, — « toujours le style te démange, » disait spirituellement du Bellay, au seizième siècle, — feront bien de ne pas dédaigner les modestes et solides qualités de leurs devanciers.

Nous souhaitons aux néophytes, qui ont combattu et communié au banquet qui était une veillée d’armes et une Cène, de laisser leur ton guerrier et apocalyptique pour prendre le bon ton et la bonne humeur des bons esprits de France et de Belgique. Notre pays, bien qu’il n’ait pas assez le goût des lettres, a eu de bonnes plumes et de bons livres. Nous espérons que le mouvement littéraire, qui s’affirme avec tant de fracas, augmentera la quantité et la qualité de nos livres intéressants. Et en produisant des œuvres originales et sincères, la Jeune-Belgique fera oublier ses excessives infatuations et le mode titanesque et mystique sur lequel elle a proclamé son avènement.