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les bushmen

bétail volé, on ne sait. — Mais les Bushmen se sentent petits et aussi un peu peureux — on ne peut pas avoir toutes les qualités ! — devant leurs grands et redoutables adversaires noirs ; cependant ils tiennent bon et ont déjà abattu un de ceux-ci.

Si cette peinture représente des Ma-Tébélé, ce que leurs boucliers semblent indiquer, telle autre paraît désigner des Tembouki, des Baphuti ou des Béchuana. Mais dans ces représentations polychromes, couvrant parfois de grandes parois, on rencontre fréquemment des figures étranges et des plus bizarres, peut-être bien idéographiques, comme celles, entre autres, provenant du Musée de Bloemfontein, dont la signification nous échappe absolument ; mais ces figures deviennent trop vite, nous semble-t-il, la base d’affirmations un peu trop ingénieuses et surtout trop pressées concernant les idées religieuses et sociales des Bushmen.

Signalons encore en terminant un curieux insecte du genre orthoptère, la mante religieuse, auquel les Bassouto donnent, sans doute par ironie, le nom de
mantis sacra
Modimo oa Baroa, « le Dieu des Bushmen ».

Depuis longtemps, ces artistes inconscients — au talent génial puisqu’ils ont inventé leur art — ont disparu ou à peu près. Leurs œuvres tendent à s’effacer, soit par suite des intempéries ou de la malignité des hommes qui les poursuit encore. Leurs descendants, pas du tout maltraités, disparaissent rapidement, minés par l’alcool ; mais, néanmoins, ces Bushmen nous démontrent que les êtres les plus méprisés par notre orgueil portent tous, quand on se