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adieux à mon wagon

à la fin de 1885, il nous fut offert, et je me hâte d’ajouter qu’avec une tente neuve et une couche de peinture, on arriva à lui donner un air très présentable ; cependant la couche de peinture ne s’étendait pas jusqu’à sa réputation.

Néanmoins, depuis lors, nous avons vécu ensemble, sans avoir le moindre motif de nous plaindre de lui et lui de nous, j’espère. Nous n’avons pas versé une seule fois, et si nos bœufs ont souvent senti le fouet, lui n’a jamais fait que le porter.

Que de voyages nous avons faits ensemble, à l’ombre sous sa tente, lisant, chantant ou dormant
notre ancien conducteur de wagons
l’évangéliste azariel lebeisa
même, ressemblant quelque peu au roi aussi fainéant que mérovingien dont Boileau trace un court portrait :

Quatre bœufs attelés, d’un pas tranquille et lent.
Promenaient dans Paris le monarque indolent.

On y était bien un peu à l’étroit surtout avec une précieuse bande d’enfants ; mais quelle joie pour ceux-ci quand un de nos braves conducteurs, Moleko ou Azariel, plaçait dans la main d’un de nos fils le manche du fouet, mesurant bien 2 mètres et demi de long !

D’abord, de très nombreuses fois, nous avons visité les annexes ou chapelles-écoles du district, et parcouru tout le Lessouto, car, pour le