J’éprouve aussi un peu le même sentiment et tiens à dire quelque chose de notre wagon à bœufs, qui vient de disparaître derrière la colline.
Nous avons dû nous séparer, après quinze ans d’intimité :
mais voilà la vie, quand les meilleurs serviteurs deviennent
vieux, ils sont obligés de prendre leur retraite, à moins qu’on
ne la leur impose, ce qui a été le cas pour notre lourd wagon,
au dételagequi nous a si souvent et si
fort cahotés sur les abominables
routes du pays
des Bassouto et environs,
et qu’en revanche nous
avions si souvent graissé,
repeint et fait réparer.
Mais, cela est convenu,
il n’y a pas ici-bas de si
vieux amis qui ne doivent
se séparer un jour.
Cette séparation qui s’imposait — car les fréquentes réparations de notre véhicule devenaient par trop dispendieuses — a donc eu lieu aujourd’hui, et c’est un habitant d’une partie éloignée du district, un Morolong, nommé Selematsela, — un nom compliqué et peu flatteur qui veut dire : « Celui qui bavarde au lieu de labourer », et qui renferme un bon conseil : « Ne labourez pas le chemin », — qui est venu le chercher suivant nos conventions : en échange de deux bons bœufs.
J’ai laissé partir ce vieux serviteur de la mission, qui a si