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Pleine d’ardeur mystique et de projets virils,
Qui, nouveaux messagers de la parole sainte,
Traversaient l’univers pour se jeter sans crainte
Au-devant de tous les périls.

Sol natal, amitiés, rang, fortune, espérance,
Famille, ils quittaient tout avec indifférence ;
Pas un seul qui faiblît au moment de partir !
Et pourtant qu’allaient-ils chercher sur ces rivage,
Sinon, après la vie errante des sauvages,
La mort sanglante du martyr ?

Oh ! lorsque l’on parcourt nos annales naissantes,
Et que, tournant du doigt ces pages saisissantes,
On poursuit pas à pas par la pensée, au fond
De la forêt immense encore inexplorée,
Ces immortels semeurs de la moisson sacrée,
On éprouve un trouble profond.