Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 68 —


Un repos solennel plein de calme serein
Plane encor sur ces bords où la chaste Nature,
Aux seuls baisers du ciel dénouant sa ceinture,
Drapée en sa sauvage et rustique beauté,
Garde encor les trésors de sa virginité.

Cependant un lambeau de brise nous apporte
Comme un refrain joyeux qu’une voix mâle et forte,
Mêlée à des éclats de babil argentin,
Jette dans l’air sonore aux échos du lointain.
Ce sont des moissonneurs avec des moissonneuses.
Ils suivent du sentier les courbes sablonneuses,
Et, le sac à l’épaule, ils cheminent gaîment.
Ce sont des émigrés du doux pays normand,
Des filles du Poitou, de beaux gars de Bretagne,
Qui viennent de quitter leur lande ou leur campagne
Pour fonder une France au milieu du désert.

L’homme qui les conduit, c’est le robuste Hébert,
Un vaillant ! le premier de cette forte race
Dont tout un continent garde aujourd’hui la trace,