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Et cependant le globe au loin fermente et bout.
Là-bas, au grand soleil, l’humanité debout,
Un reflet d’or au fer de sa lance guerrière,
Dans l’éclair et le bruit dévore sa carrière.
Là tout germe, tout naît, tout s’anime et grandit ;
Du haut des panthéons dont le front resplendit,
La trompette à la bouche, on voit les Renommées,
Dans l’éblouissement des gloires enflammées,
Pour l’immortalité jeter aux quatre vents
Le nom des héros morts et des héros vivants.
Pour que dans le passé l’avenir sache lire,
Des poètes divins ont accordé leur lyre.
Et mêlent, dans l’éclat de leurs chants souverains,
Les clameurs d’autrefois aux bruits contemporains.
Le Progrès, dans son antre où maint flambeau s’allume,
Sous son marteau puissant fait résonner l’enclume
Où se forge déjà la balance des droits,
Où pèseront plus tard les peuples et les rois.
La Science commence à voir au fond des choses.
Les Arts, ces nobles fleurs au vent du ciel écloses,
Entr’ouvrent leur corolle au fronton des palais.
Que dis-je ? La Nature elle-même, aux reflets
Des nouvelles clartés que chaque âge lui verse,
Sourit plus maternelle en sa grâce diverse ;