Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 34 —

Alors, las de porter le joug et de souffrir,
Ces rudes paysans, les yeux brûlés de larmes,
Ces opprimés sans chefs, sans ressources, sans armes
Osèrent, au grand jour, pour un combat mortel,
Jeter à l’Angleterre un sublime cartel !…

Ô Dieu ! vous qui jugez et réglez toutes choses,
Vous qui devez bénir toutes les saintes causes,
Pourquoi permîtes-vous, sinistre dénoûment,
Après cette victoire un tel écrasement ?
Après cette aube vive un lendemain si sombre ?
Après ce rêve, hélas ! tout cet espoir qui sombre ?
Tant de sang répandu, tant d’innocents punis ?
Pourquoi tant d’échafauds ? Pourquoi tant de bannis ?

Pourquoi ?… Mais n’est-ce pas la destinée humaine ?
N’est-ce pas là toujours l’éternel phénomène
Qui veut que tout s’enfante et vienne dans les pleurs ?
Le froment naît du sol qu’on déchire ; les fleurs