Alors elle décida de consacrer sa vie et sa fortune à l’instruction des petits sauvages du Canada. Mais son père, qui l’adorait, voulait la marier à un certain M. de Bernières. Elle s’entendit avec ce dernier, qui lui-même avait fait vœu de chasteté, pour simuler un mariage ; et, son père étant mort, elle s’embarqua à Dieppe, le 4 mai 1639, pour le Canada, avec cinq autres religieuses, au nombre desquelles se trouvait la fameuse Marie de l’Incarnation. En touchant la terre du Canada, toutes se jetèrent à genoux et baisèrent le sol. Le vieux frêne dont il s’agit ici se trouvait enclavé dans la cour du monastère fondé par la sainte veuve, et la tradition veut que ce soit sous son ombrage qu’elle allait s’asseoir de préférence pour enseigner la lecture et le catéchisme aux petites filles des Hurons. Quand il fut renversé par une tempête, le 24 juillet 1867, on l’appelait encore « le frêne de Mme de La Peltrie ».
(17) " En 1660, seize jeunes Français, commandés par Daulac, furent attaqués par sept cents Iroquoi*, dans un méchant fort de pieux, au pied du Loug-Sault ; avec l’aide d’une cinquantaine de Hurons et d’Algonquins, ils repoussèrent tous les assauts pendant dix jours. Mais. al)andonnés à la lin ])ar la phipart de leurs alliés, ils ne purent résister à une dernière attaque et succombèrent. L’un des quatre Français qui restaient encore avec quelques Hurons, lorsque l’emienii pénétra dans l’intérieur du fort, voyant tout perdu, acheva à coups de haches ses compagnons blessés, pour les empêcher de tomber vivants entre les mains du vainqueur. Le dévouement de Daulac arrêta les premiers efforts d’un orage qui allait fondre sur le Canada, car les ennemis, qui avaient essuyé des pertes très considérables, furent si effrayés de cette résistance, qu’ils abandonnèrent une grande attaque qu’ils venaient de faire sur Québec, où la nouvelle de^ leur approche avait répandu la consternation. Après s’être emparés de cette ville, leur projet était de se rabattre sur les Trois-Eivières et sur Montréal, et de mettre tout à feu et à sang dans la campagne… En Huron. échappé par hasard au massacre du Long-Sault, annonça aux hal)itants la retraite de l’ennemi." (Gaeneau, Hist. du Canada. )
(18) Cette touchante histoire est strictement historique. La complainte ainsi trouvée sur le cadavre du pauvre Cadieux a