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Donc te voilà, Voltaire ! eh bien, lève un instant
La membrane qui bat sur cet œil clignotant ;
Dresse la tête, et puis laisse tomber le tome
Que tu tiens à la main. Bien ! maintenant, grand homme,
De ta bouche détends un peu les plis amers,
Et regarde là-bas, au bout des vastes mers !
Vois-tu ces champs sans nombre où les moissons abondent ?
Ce fleuve sillonné par des flottes que boudent
Les richesses des deux hémisphères ? Vois-tu
Ce progrès qui, sortant de tout sentier battu,
Loin du pâle émeutier comme des cours serviles,
Défriche la forêt pour y fonder des villes ?
Vois-tu ces bourgs nombreux et ces fières cités,
Ou fleurissent en paix toutes les libertés,
D’où les produits du sol et celui des usines
S’en vont alimenter les nations voisines,
Où tout un peuple enfin, généreux et vaillant,
Grandit, et sait encor prier en travaillant ?