Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/318

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ah ! nos nobles aïeux endormis sous la pierre
En s’éveillant ont dû refermer leur paupière,
Quand ils ont vu des fils, parjures à leur nom,
Les laisser souffleter sans oser dire non.
Si leurs regards ont pu suivre ce drame sombre,
Comme leurs cœurs si fiers ont dû saigner dans l’ombre !
Comme ils ont dû d’horreur vous maudire, hommes faux,
Qui pour les opprimés dressez des échafauds !
Ah ! tremblez ! ces grands morts, que trouble dans leurs tombes
Le sang qui coule ainsi des chaudes hécatombes,
Ont des voix qui sauront remuer les vivants.
Les crimes ont toujours des effets dissolvants ;
Pourquoi des vieux griefs rouvrir l’ère fermée ?
L’expérience est là qui le dit, la fumée
Des bûchers trop souvent sait propager le feu.
Tremblez, vous dont l’audace ose ainsi tenter Dieu !
Tremblez, aveugles fous dont la haine et la rage
Préparent pour nos fils un avenir d’orage !