La France nous avait laissés grandir loin d’elle,
Nous léguant son nom seul avec son souvenir ;
Et le pauvre orphelin, à tous les deux fidèle,
N’avait su, dans son cœur, qu’absoudre et que bénir.
Il avait tout gardé, ses antiques franchises,
Et son culte et sa langue, et ― peuple adolescent ―
Montrait avec orgueil ses libertés conquises,
A coté de ses droits scellés avec son sang.
Ce beau jour fut pour nous presque la délivrance ;
L’embrassement fut long ; on pleurait à genoux ;
Car, si nous étions fiers de notre belle France,
Notre France, elle aussi, pouvait l’être de nous !
Saintes émotions ! ― quand villes et banlieues
Illuminaient leurs tours, pavoisaient leurs maisons,
Au loin, sur un rayon de plus de trente lieues,
On voyait accourir, de tous les horizons,
Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/298
Cette page n’a pas encore été corrigée