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C’était un noble enfant de la mère patrie ;
Un enfant doux et bon. Un jour, l’âme meurtrie
Par un de ces chagrins qui brisent les plus forts,
Vaincu, désespéré, lutteur à bout d’efforts,
Ne pouvant arracher l’épine ensanglantée
Qu’en son cœur une main cruelle avait plantée,
Il avait essayé, pour tromper son ennui,
De mettre la distance entre sa peine et lui.

Et le nouveau René partit pour l’Amérique.
C’était juste au moment de la lutte homérique
Que nos pères, courbés sous un joug écrasant,
Transformant en épieu la faux du paysan,
Avaient, sous les regards de l’Europe surprise,
Pour défendre leurs droits vaillamment entreprise.

Le jeune homme entendit ce cri de liberté
Jusqu’au port de New-York par la brise porté.
Quoi ! des Français, luttant contre la tyrannie
Avec le désespoir d’un peuple à l’agonie,
À tous demanderaient vainement du secours !
Point de retard, pour lui les moments sont trop courts ;