De leurs cris de triomphe insultaient les vaincus,
Vous, au sublime appel d’un nouveau Spartacus,
Voulûtes, réunis en phalange sacrée,
Défiant jusqu’au bout la puissance exécrée
Des tyrans désormais transformés en bourreaux,
Vaincre en désespérés ou mourir en héros !
Colborne et ses soldats, sinistre et lourd cortège,
S’avançaient en traînant leurs fourgons sur la neige.
L’invective à la bouche et la torche à la main,
Répandant la terreur partout sur leur chemin,
Ces preux, qu’on aurait dit recrutés dans les bouges,
S’approchaient, et de loin les uniformes rouges
Semblaient, mouvants replis, au front des coteaux blancs,
Comme un serpent énorme aux longs anneaux sanglants.
Ces reîtres sont joyeux ; déjà leur cœur savoure
Le plaisir qu’a le nombre à vaincre la bravoure.
En revanche, le ciel est triste et nuageux.
Ce matin-là, le jour, à l’horizon neigeux,
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