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Et comment repousser ces attaques étranges ?
Au coin des murs, au seuil des maisons et des granges,
Derrière une clôture, aux pentes d’un guéret,
Où son costume gris s’efface et disparaît,
Partout, la crosse en joue, un insurgé se dresse
Et les fusille avec une incroyable adresse.
Où pointer les canons ? où fondre ? où se porter ?
Dans ce dédale affreux comment s’orienter ?...
Là, qui s’arrête tombe ; ici, feu sur qui bouge !
Mort à tout ce qui porte un uniforme rouge !...

Cela faisait un sombre et farouche tableau.

Le commandant, un vieux soldat de Waterloo,
Pâle, et voyant déjà, sans être un grand prophète,
Venir l’humiliante et fatale défaite,
Devant cet ennemi qui glisse dans ses mains,
Aux premiers rangs s’épuise en efforts surhumains.
Il comprend que pour lui l’échec serait la honte ;
Et, courant au-devant de la mort qu’il affronte,
Il cherche en vain, par des appels exaspérés,
À rallier un peu ses soldats effarés...