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Calme, il se reposait, laissant, vaincu stoïque,
Son œil, encor baigné de lueur héroïque,
Plonger serein dans l’avenir.


Aux bruits de notre époque il fermait sa grande âme ;
Et, sourd aux vains projets dont notre orgueil s’enflamme,
Avec ses souvenirs de gloire et de douleur,
Il vivait seul, laissant ses mains octogénaires.
Qui des forums jadis remuaient les tonnerres,
Vieillir en cultivant des fleurs !


Sa voix, sa grande voix aux sublimes colères,
 Sa voix qui déchainait sur les flots populaires
Tant de sarcasme amer et d’éclats triomphants.
Sa voix qui, des tyrans déconcertant l’audace.
Quarante ans proclama les droits de notre race,
Bénissait les petits enfants !


Lui, le puissant tribun que la foule en démence