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Dont son honnêteté gênait les appétits,
L’homme dut, poursuivi par leur froide malice,
De toutes les douleurs épuiser le calice.
Un tyran que l’histoire a marqué au fer chaud
Lui confisque ses biens et le met au cachot.
Et, pendant qu’il languit sous les verrous du sbire,
Troupeau fanatisé que la vengeance inspire,
Autour de sa maison, à coups de pistolets,
Les doux représentants du doux régime anglais,
Trouvant que leur victime était trop peu punie,
D’une épouse mourante ont hâté l’agonie !

Libre enfin, le héros qu’aucun malheur n’abat
Ne songe qu’à s’armer pour un nouveau combat.
Vaincu dans une lutte, il en provoque une autre,
Et porte auprès du roi sa cause et la nôtre.
On l’écoute, on s’émeut ; ― le barbare Haldimand
Par ses pairs est mandé devant le parlement.
L’accusateur triomphe, et, refoulant ses larmes,
Retraverse les mers pour mieux fourbir ses armes.
Son fils est près de lui sur le pont du vaisseau.