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Jean Sauriol avait tué l’ourse d’abord,
― Pour lui cela n’était rien de bien difficile, ―
Et puis il avait pris la place au domicile.
Son père venait là lui porter à manger.
Que voulez-vous, à tout on ne peut pas songer ;
Lui ne s’était muni que d’un baril de poudre
Avec du plomb, ― assez, disait-il, pour découdre
Dans les règles de l’art un régiment d’Anglais.

Ces derniers avaient eu beau tendre leurs filets,
Sauriol leur glissait dans les doigts comme une ombre ;
Et, lorsque les chasseurs qui le traquaient en nombre
S’applaudissaient déjà du succès obtenu,
Il s’enfonçait sous terre, et... ni vu ni connu !

Cela ne pouvait pas toujours durer. La neige,
Le cernant dans son antre ainsi que dans un piège,
De tout secours humain l’isola tout à coup.
Le malheureux ne s’en désola pas beaucoup :
Il avait fait depuis longtemps son sacrifice.
Pourtant, si le regard à travers l’orifice