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C’est là qu’un jour le morne archange, dont le doigt
Inflige la défaite ou fixe la victoire,
S’arrêta pour dicter une page à l’Histoire !

À l’époque sanglante où nos pères trahis
Défendaient corps à corps leurs foyers envahis,
Et, groupes de héros débordés par le nombre,
Touchaient au dénoûment fatal du drame sombre,
Dans ce logis, alors presque un petit manoir,
Dont les tons vigoureux tranchaient sur le fond noir
De la forêt encor vierge de la cognée,
Vivaient un vieux traiteur à mine renfrognée,
Nommé Luc Sauriol, sa femme et son fils Jean.

Celui-ci, gars robuste à l’œil intelligent,
Avait pour son pays déjà monté la garde.
Des soldats de Montcalm il portait la cocarde ;
C’était un fier tireur, et l’Anglais n’avait point
Plus terrible ennemi la carabine au poing.

Les cohortes d’Amherst avaient conquis la plaine ;
Et nos derniers vengeurs, campés dans Sainte-Hélène,