Pour relever les plis de la bannière blanche,
Lévis, cet immortel soldat de la revanche,
Avait, ressuscitant l’espoir au fond des cœurs,
Dans un suprême effort écrasé les vainqueurs !
Et l’Anglais dans les murs, le Français sous la tente,
Assiégés, assiégeants, s’épuisaient dans l’attente
Des secours si longtemps implorés d’outre-mer.
Tous les matins, Lévis, de son regard amer,
Les yeux rougis, sondait les lointains du grand fleuve.
Murray, de son côté, braquait vers Terre-Neuve
Sa lunette de nuit qui tremblait dans sa main...
Et l’on se demandait : ― Qu’adviendra-t-il demain ?
Chez les deux combattants l’angoisse prédomine ;
Désormais l’ennemi commun, c’est la famine !
Le courage de l’homme a dit son dernier mot ;
Le destin maintenant a la parole ; il faut
Que l’aube à l’un ou l’autre apporte l’espérance.
L’aube, est-ce l’Angleterre, ou sera-ce la France ?...
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