Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/180

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sauvés ! s’écriait-on ensemble ; et les bravos
Éclataient à la fois dans les deux camps rivaux.

C’était au lendemain des fameuses journées
Qui devaient à jamais fixer nos destinées.
Montcalm ― qui triomphait naguère à Carillon ―
Se taillant un linceul dans son fier pavillon,
Trahi par la victoire avait donné sa vie,
Disant comme autrefois le vaincu de Pavie :

- Tout est perdu, hélas ! hors l’honneur du drapeau !

Sur son corps les vainqueurs passant comme un troupeau
Avaient, semant partout le carnage et la flamme,
Arboré sur nos murs leur sanglante oriflamme.
Québec, comme deux ans plus tôt Chandernagor,
Affamé par Bigot et vendu par Vergor,
Sans poudre, sans canons, sans vivres, sans ressources,
De l’héroïsme ayant tari toutes les sources,
Avait brisé son glaive ainsi qu’un ancien preux.
Sur ses remparts croulants, sur ses créneaux poudreux,