Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

Quoi qu’il en fût, chacun, même le plus sceptique
De ceux qu’intéressait ce récit fantastique,
En écoutant cela conté de bonne foi,
Se sentant frissonner sans trop savoir pourquoi.

Tout s’y prêtait un peu, de reste ; la chaloupe
Qui nous portait avait, sous son tribord, le groupe
Des Sept-Iles ; et là, tout près, devant nos yeux,
Moutonnaient les fatals brisants de l’Ile-aux-Œufs,
Témoins d’un des plus grands naufrages de l’histoire.

Par tout ce que la guerre a de plus vexatoire,
L’Angleterre, depuis plus de cent ans déjà,
Harassait le pays. Un jour elle jugea
Qu’il était enfin temps d’en finir. Bonne aubaine,
Les colons haletaient et respiraient à peine.
Un grand coup, hardiment et brusquement porté,
Lui conquérait un sol trop longtemps convoité,
Ruinant pour jamais la France au nouveau monde.
Sa force l’enhardit, la saison la seconde :