Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/158

Cette page n’a pas encore été corrigée


Et, dans mille bruits du vent et du carnage,
Un jeune homme s’avance et se jette à la nage.

― Bravo ! bravo ! bravo !

                           Maintenant tous les yeux,
Tournés vers un seul but, concentrés, anxieux,
Vont suivre désormais le tout petit sillage
Qui trahit du héros l’audacieux voyage.
Lui nage avec vigueur, tête haute, ou plongeant
Sous le feu des Anglais, qui jurant et rageant,
Pour sauver leur drapeau, de loin, sans intervalles,
Tout autour du point noir font crépiter les balles.
La vague est suffocante et le courant est fort :
N’importe ! sans faiblir, et redoublant d’effort,
L’homme rit du péril et s’avance quand même.

À de certains moments, anxiété suprême,
On n’aperçoit plus rien. Est-ce fini ?... Mais non !
Le nageur reparaît aux éclairs du canon,
Et s’avance toujours haletant et farouche
Vers le drapeau flottant. Il l’atteint, il le touche...
― Hourra ! ... Trois jours plus tard, quand, après maint échec
Plus ou moins désastreux, du bassin de Québec