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On se battit ainsi jusqu’à la nuit suivante ;
Puis on recommença. Cela dura dix jours.

Les Iroquois vaincus se recrutaient toujours.
Quant à la garnison, bien qu’à moitié réduite
Par ces dix mortels jours de lutte, et par la fuite
De tous ou presque tous ses Indiens alliés,
Malgré l’effort de tant d’assauts multipliés,
Devant ses ennemis qui redoublaient de rage,
Elle ne sentait pas amollir son courage,
Et, pour sauver les siens, décidée à périr,
Voulait plus que jamais triompher ou mourir.

Un soir que le combat triplait de violence,
Daulac prend un baril de mitraille, et le lance,
Mèche allumée, en plein milieu des assaillants.
Par malheur un rameau l’arrête, et nos vaillants
Voient retomber sur eux la machine infernale.
Ce fut le dernier coup de la lutte finale.
Aux lueurs que jeta la fauve explosion,
Dans des flots de fumée, une âpre vision,