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C’est tout un monde étrange, insoumis, menaçant,
Qu’il lui faut conquérir et dompter en passant.
Où sont ses bataillons ? Quelles sont ses ressources ?
Qui le dirigera dans ces lointaines courses ?
Pour franchir ces déserts — solitudes sans fin
Où l’attendent le froid, les fatigues, la faim —
Ces lacs tempétueux, ces pics inabordables,
Ces repaires peuplés de hordes formidables,
Ces abîmes sans fond, ces tragiques forêts
Pleines de pièges sourds et de mornes secrets,
Qui soutiendra l’espoir en son âme meurtrie ?
— Une seule pensée, un seul mot : la Patrie !

L’impossible, à ce nom, pour lui n’existe point…
Le mousquet à l’épaule ou la pagaie au poing,
En route !

En route ! Et devant lui, de l’aube au crépuscule,
Le vaste horizon s’ouvre et le désert recule.
Perçant les fourrés noirs où le sombre Iroquois
Sur son torse bronzé fait sonner son carquois,