Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 110 —

Au moment de toucher à la palme suprême…
Écrasés sous leur tâche, ils triomphent quand même :
Leur œuvre, dont le fruit ne peut s’anéantir,
En sacrant le héros sait survivre au martyr !

Il se nommait Robert Cavelier de La Salle.
Déjà, l’esprit hanté par l’ombre colossale
De Cartier, jeune encore il fuit le sol normand
Pour notre Canada, cher pays inclément
Qu’alors les plus hardis n’abordaient qu’avec crainte.
Il rêve d’embrasser le globe en son étreinte,
De consacrer sa vie à d’immortels travaux,
Et, ravissant aux mers des continents nouveaux
— Miracle de courage et de persévérance —
De donner à lui seul un empire à la France !

À son ambition rien ne semble trop grand.
En remontant les flots perdus du Saint-Laurent,
Il veut réaliser ce projet chimérique :
Arriver jusqu’en Chine à travers l’Amérique.