Le 5 août 1880, dans une séance publique, M. Camille Doucet, parlant au nom de l’Académie, proclamait, aux applaudissements de tous, le nom d’un poète canadien devenu, ce jour-là, lauréat de l’Académie française. Je me souviens encore de la curiosité éveillée dans l’auditoire tandis que le très éloquent secrétaire perpétuel racontait le passé du poète dont on couronnait les Poésies Canadiennes ; — canadiennes, c’est-à-dire françaises. « Jeune encore, disait M. Camille Doucet, M. Louis Fréchette, tour à tour avocat et journaliste, eut en dernier lieu, pendant cinq ans, l’honneur de représenter le comté et la ville de Lévis au Parlement fédéral. Il n’appartient plus aujourd’hui qu’à la littérature, et, pendant que ses vers nous apprenaient à le connaître, un grand drame de sa composition obtenait un succès retentissant sur le théâtre français de Montréal. C’est en français, Messieurs, qu’on parle et qu’on pense, dans ce pays jadis français que nous aimons et qui nous aime. »
Et les regards cherchaient dans l’assemblée le poète dont parlait le rapporteur : « Est-il là, M. Fréchette ? Comment est-il ? Pou-