Page:Fréchette - Les Fleurs boréales.djvu/5

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Juin brillait. Sur les eaux, dans l’herbe des pelouses,
Sur les sommets, au fond des profondeurs jalouses,
L’Été fécond chantait ses sauvages amours.
Du Sud à l’Aquilon, du Couchant à l’Aurore,
Toute l’immensité semblait garder encore
La majesté des premiers jours.

Travail mystérieux ! Les rochers aux fronts chauves,
Les pampas, les bayous, les bois, les antres fauves,
Tout semblait tressaillir sous un souffle effréné ;
On sentait palpiter les solitudes mornes,
Comme au jour où vibra, dans l’espace sans bornes,
L’hymne du monde nouveau-né.

L’Inconnu trônait là dans sa grandeur première.
Splendide, et tacheté d’ombres et de lumière,
Comme un reptile immense au soleil engourdi,
Le vieux Meschacébé, vierge encor de servage,
Dépliait ses anneaux de rivage en rivage
Jusques aux golfes du Midi.