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Fleuve, te souvient-il de ces jours sans nuage,
Quand, dressant au printemps son wigwam sur ta plage,
L’Iroquois sur tes bords venait chasser le daim !
De nos courses sans fin te souvient-il encore,
Quand le vol cadencé de l’aviron sonore
Emportait nos canots bondissant sur ton sein ?

Te souvient-il encor de la brune Indienne,
Dont la voix se mêlait, sonore, aérienne,
Aux mille murmures du soir,
Quand elle suspendait à la frêle liane,
Et balançait au vent sa mouvante nâgane,
Berceau d’un guerrier à l’œil noir ?

Te souvient-il aussi, quand, vengeurs intrépides,
Nos bandes poursuivaient de leurs flèches rapides
Leurs ennemis fuyant la rage dans le cœur ?
Ou bien, sortant soudain de leur mille embuscades,
Couvraient de leurs clameurs la voix de tes cascades,
Et brandissaient dans l’ombre un tomahawk vainqueur ?