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Bravo ! c’est un sauveur que la patrie acclame
C’est un fils de Chénier qui dresse une oriflamme
Où le mot LIBERTÉ s’écrit avec du sang !
Suivi d’un escadron de hardis sans-culottes,
C’est l’archange vengeur qui chasse les despotes
Devant son glaive éblouissant !

Un rayon fulminant a percé les ténèbres ;
Le monde a tressailli jusque dans ses vertèbres ;
Un souffle impétueux dans les airs a passé ;
La Liberté paraît, sublime et grandiose,
Paix ! victoire ! hozanna ! son pied d’airain se pose
Sur un cadavre terrassé.

Traîtres, ils sont comptés les jours de votre empire !
Car l’esprit du Seigneur sur tout ce qui respire
Semble souffler le vent des révolutions.
C’est l’heure solennelle où tombent les entraves,
C’est l’heure des tyrans et c’est l’heure des braves,
L’heure des rétributions !

L’Espagne se roidit ; déjà rugit la France ;
L’Irlande jette encore un long cri de souffrance ;
Le monde entier s’émeut au nom de Juarez.
Seul, des signes du temps ce vil troupeau se raille…
Les sots, ils ne voient pas, sur la sombre muraille
Un doigt sombre écrivant : Mané, Thécel, Pharès !


Mai 1868.