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Ah ! qui sème le vent récolte la tempête…,
Triomphe bien ! demain, tu courberas la tête !
Père des trahisons, ton nom sera flétri !
Tu voulais avant tout que ce nom fût notoire ;
Eh bien, sois satisfait : tu vivras dans l’histoire…
Mais cloué sur un pilori !

Canada, Canada ! dans cette nuit funeste,
Qui fera resplendir le lambeau qui te reste
De cette ardente foi qui pourrait te sauver ?
Sur tant d’abaissement et sur tant de souffrance,
Quand donc pourrai-je voir, ô jour de délivrance !
L’astre des peuples se lever ?

Ô peuple, les crachats ont maculé ta joue ;
Un bouffon te harcelle un pierrot te bafoue ;
On te hue, on te berne, on te pique, on te mord ;
On t’arrache du front le bandeau de ta gloire…
Debout, peuple, debout ! vas-tu leur laisser croire
Que le patriotisme est mort ?

Ah ! montre qu’en dépit de tant d’apostasie,
Le courage des preux chantés par Crémazie
Dans l’âme de leurs fils n’est pas encore éteint !
Montre-leur ce que c’est qu’un peuple qui s’éveille…
Mais quel fracas soudain vient frapper mon oreille ?
Qui gronde ainsi dans le lointain ?

Plein de sombres éclats, de fanfares sublimes,
Fort comme l’ouragan roulant sur les abîmes,
Tonnant comme la voix des vagues en rumeur,
Confus comme les vents dans les grandes ramées.
Quel est ce bruit puissant comme des chocs d’armées,
Quelle est cette immense clameur ?