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MONTFERRAND

Ces exploits volaient de bouche en bouche, et, comme s’exprime une vieille chronique, la réputation de Montferrand était insurpassable.

* * *

En 1838-39, la prison de Montréal regorgeait de détenus politiques qui se plaignaient, non sans motif, d’être mal nourris. Deux fois par semaine, Jos. Montferrand et son bon ami François Laviolette, boucher, allaient de porte en porte, même chez les Anglais réputés
Il enleva son adversaire à bras tendus
et le lança sur la table.
ardents bureaucrates, et demandaient la charité pour les prisonniers. Il va de soi que pas un Canadien ne les renvoyait les mains vides. La plupart des Anglais donnaient par admiration pour l’excellent caractère et les prouesses de Montferrand.

Car il eut ce beau privilège d’être aimé de tous ceux qui le connurent. Ses anciens compagnons ; ceux pour qui il travailla ; les hôteliers qui l’hébergèrent : tous m’ont parlé de lui avec respect et affection. La postérité se tromperait grandement si elle faisait de lui un hercule mal